Plus de 160 membres des délégations de notre région (Alpes de Haute-Provence, HautesAlpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse) se sont retrouvés au château du Grand-Pré pour notre journée régionale organisée cette année par la délégation du Vaucluse.

François Niforos et Xavier Chirico, les nouveaux propriétaires, ont eu la gentillesse de nous recevoir et de nous faire partager "l'histoire de la rencontre" d'une passion commune pour le XVIIIe siècle et d'un château aux trésors oubliés qui renaît aujourd'hui de ses cendres.

Située depuis le XIe siècle sur les terres de la Famille de Brancas, la demeure seigneuriale construite au XIe siècle, agrandie au XVIIe, est reconstruite en 1678 pour la veuve d'Honoré de Brancas Forcalquier, Françoise de Cambis, qui lui donnera tout son faste.

En 1753, le château est vendu à Jean d'Ailhaud, docteur en médecine et chirurgien, inventeur d'une poudre purgative qu'il commercialise dans toute l'Europe grâce à un concept moderne, la publicité. Sa poudre fait de lui l'un des hommes les plus riches de Provence et Vitrolles en Luberon devient le premier site français de fabrication de médicaments. Il acquiert alors une charge anoblissante auprès du roi Louis XV dont il devient le conseiller.

Jean d'Ailhaud va donner au château tout le raffinement et l'élégance des décors de son temps. Son fils et petit-fils poursuivront l'aménagement de la propriété qui, après la révolution, ne gardera plus que le souvenir de sa grandeur passée.

L'histoire de la famille se lit sur les gypseries : les arts, la musique, l'art des jardins, les scènes galantes champêtres, à la mode du temps, ou les allégories célébrant les valeurs et l'ascension sociale de la famille.

Le domaine comprend une imposante bastide quadrangulaire, équilibrée et bien implantée dans le paysage, une chapelle et des bâtiments agricoles. Le petitfils de Jean d'Ailhaud dote la propriété d'une usine pour la fabrication de la poudre purgative, d'un colombier et d'un jardin.

L'architecture du château, les somptueux décors de gypseries d'une qualité exceptionnelle, la présence encore lisible de jardins en terrasses menant à un grand bassin, font du château du Grand-Pré un exemple exceptionnel du raffinement aristocratique de la Provence des XVII et XVIII siècles.

Des travaux importants, charpentes et toits, façades et murs, planchers et portes, ont été en partie effectués. Quarante-cinq ouvriers travaillent à la restauration de Grand- Pré pour lui redonner sa splendeur du XVIIIe siècle. Les jardins bénéficient d'une complète rénovation. Leur agencement en terrasses permettra de retrouver l'élégance typiquement provençale qui conjugue à la fois jardin à la française et jardin à l'italienne.

La visite du château "en l'état" nous fait prendre conscience du chantier colossal qu'ont entrepris François Niforos et Xavier Chirico : "Redonner son lustre d'antan à ce lieu endormi depuis un siècle, aller au bout des choses pour retrouver cet art de vivre harmonieux et apaisé du XVIIIe siècle provençal"

Marie-Ange Rater-Carbonel, déléguée régionale et Anne Lambert, déléguée du Vaucluse remettent officiellement le Label VMF au Bastidon des Molières qui vient d'être restauré par Geneviève Spengler, adhérente VMF du Vaucluse.

Construit courant XIXe siècle, le Bastidon des Molières servait à abriter hommes, outils et bêtes durant les travaux agraires. Cette construction est le témoin de la vie rurale et d'une activité agricole importante. Les aménagements intérieurs sont typiques de la bastide provençale : sol en carreaux de terre cuite, évier en pierre de Cassis, escalier à voute sarrasine.

Conférence de Nerthe Dautier, historienne de l'art « La bastide, un rêve à la campagne »

Les Bastides sont nées en Provence aux XVIIe et XVIIIe siècles. Résidences campagnardes où, délaissant les chaleurs de l'été, l'aristocratie et la bourgeoisie s'installent, elles gardent encore les traces du mode de vie fastueux de l'époque.

En aménageant la campagne car le rapport des terres agricoles est essentiel, on crée un territoire exceptionnel et original. Implantée sur un terrain aménagé au milieu des terres agricoles, la Bastide a ses caractéristiques propres : noyée dans l'espace agricole, ses vergers et potagers, ses espaces boisés, on y accède par des allées soignées, de marronniers buis ou platanes.